Le lit conjugal
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Cependant
je m'attarde dan la couche conjugale, seul réconfort parfois à ma
plus grande honte. Je feuillette le journal qui traînait au sol dans
la plus pure tradition du vaudeville. Un article contre l'extrême
droite me met en joie, plus tard je m'en repentirai. « La
France remonte la pente ». Je ne crois pas. Ce n'est pas en
dressant des potences au sommet des côtes que l'on redresse un pays.
Les bites des pendus, dit-on, se redressent. Mais qui voudrait
l'essayer ? On repeint en jaune clair les bois de justice. Pas
encore les vits pendants. Nous éprouvons la joie
de
vivre, même sans érection visible. Il en existe une interne en
effet, qui fait bien nos affaires. À
côté de moi, mon épouse allongée peut attendre.
Ce
sont les sensations, vagues ou vives, d'un qui se réveille,
échappant à la mort de son nom et de sa personne. Se marier n'est
qu'un long renoncement. Une longue tyrannie d'autant plus forte
qu'elle est imaginaire. Elle s'augmente de tous les fantasmes
élaborés dans les cerveaux des trop penseurs. Arielle à côté de
moi ne dit pas autrement. Nous soupirons, accablés de fatalité
humoristique, en proie au lourd chagrin réciproque. Qu'il
est dur de sortir de cage.
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