Le balai dans le cul des chimpanzés
IM
ARSCH DER BESEN, UND WIRD UMGEDREHT
Cette
expression fleurie pourrait se traduire « dans le cul la
balayette, et on la tourne ». Il serait sans doute plus exact
de dire in
den Arsch, impliquant
le mouvement pénétrant de la dite balayette, qui est d'ailleurs un
balai entier. Vérification
faite, l'allemand parlerait de « brosse » : die
Bürste in den Arsch. Nous avons réinventé un allemand de cuisine,
savoureux à la fois et ridicule, que les Germains comprendraient ,
mais en s'esclaffant (ou en tordant le nez). Nous l'employons pour
indiquer à quel point tel individu prétentieux s'est fait posséder.
J'avais jadis traduit la première page de mon œuvre Omma,
en
vente dans mon tiroir au fond à gauche, en allemand. L'Autrichienne
à qui je la présentai éclata de rire aux premières lignes. Tout
était compréhensible, mais d'une incorrection sauvage : „Tout le
monde sur le pont“ ne se disait pas „...auf die Brücke“, ce
qui implique une rivière, mais „jeder an Deck !“ - la
„couverture“ d'un navire. Et ainsi de suite. Dans
le même registre, „dans le cul les Russes“ (typiquement
polonais, car les Polonais comprennent le russe, mais non pas le
contraire“, fut accueillli par le sieur Mrozko par un grand rire
communicatif. Non
pas „v'doupou rousskïé“, mais „Rosjanié w dupié !“ - w
dupu serait mieux, à l'accusatif, s'il est toutefois directionnel en
polonais. Le
rêve serait de pouvoir dire „dans le cul“ en toutes langues.
Afin
que ma vie se perde dans le sable comme le Houang-Ho, il serait bon
que je reprenne absolument tout ce que j'ai pu écrire, à la fois,
par alternance. De même, que je m'exerçasse à toutes les langues à
la fois, dont j'ai un aperçu dans Les
langages de l'univers, collection
„Bouquins“. Il me reste tant à faire.
„Je n'aurai pas le temps“
chantait
Micel Fugain en nonante-trois, une de ses rares bonnes chansons.
Donc, empilons plus encore de choses à faire sur la margelle, afin
de les précipiter au fond du trou sans en omettre aucune.
Et
l'on entend dans les champs se masturber les éléphants
Légèreté
du corps de garde, à chanter sur son lit de mort, „et l'on entend
dans les prés s'enculer les chimpanzés“, je ris, je ris, „et
l'on entend sous les ormeaux / piler la merde à coups de marteaux“
je n'en peux plus, j'étouffe, jusqu'à ce que j'apprenne qu'il
s'agit d'une pure et simple enculation de pédés. Ah merde alors. Je
ne me souviens plus que de sottises, seules merdes à jeter au muffle
de la mort et de l'oubli. Mes cours, si instructifs, si formateurs,
sont oubliés par
mes petites circonvolutions cérébrales, et comme les potaches quand
ils ont vieilli, je ne me souviens plus que des konneries. Toute ma
vie professionnelle à faire le chef de bande avec des garçons et
filles de 11 à 18 ans. J'ai
bien eu ma revanche. Tous me rejetaient, et je faisais tout pour
cela. Ensuite, à partir de 21 ans, ce fut moi, le chef. Quelle belle
vie.
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